les petites mains des sondages d'opinion

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Un laboratoire du « salariat libéral »
Parution : 08/02/2011
ISBN : 978-2-914968-88-1
264 pages
14 x 22
22.00 euros
Un laboratoire du « salariat libéral »
Les instituts de sondage
Omniprésents sur le devant de la scène politico-médiatique, les professionnels des sondages revendiquent de rendre la société transparente à elle-même par la « révélation » de l’opinion publique. Mais ils cultivent l’opacité des coulisses et protègent jalousement leurs secrets de fabrication. Parfois, à la faveur d’erreurs trop manifestes, il leur arrive d’évoquer certains aspects de leur cuisine interne (pondération, redressement, biais d’échantillonnage...). En revanche, on ne connait pas grand-chose de la production des enquêtes et encore moins de la condition de ceux qui les produisent. Ce silence ne révèlerait-il pas le peu de fierté que les sondeurs en retirent ? Il est permis de le croire au regard du principe sur lequel repose le modèle économique de cette industrie : la flexibilité et de la précarité généralisées. Employés le plus souvent sous des contrats de vacation ponctuels et de courte durée, les salariés d’exécution (enquêteurs, superviseurs, codificateurs, opérateurs de saisie...) ne connaissent aucune sécurité de l’emploi. En recherche permanente de missions et en concurrence les uns avec les autres, ils doivent entretenir des relations quasi commerciales avec les cadres chargés de la distribution du travail et accumuler, par eux-mêmes, le capital de compétences qui les rendra « employables ». Cette condition qui les place à la lisière du salariat et de l’activité indépendante tend à les convertir en petits entrepreneurs d’eux-mêmes. Ce livre s’attache à analyser la condition de ces salariés qui incarnent l’avenir du salariat si on laissait au marché du travail le soin de se réguler lui-même ; un salariat libéral où chacun deviendrait seul responsable de sa fortune ou de sa faillite et dont les conséquences sur la vie des individus pourraient s’avérer désastreuses. Au détour, il interroge la légitimité sociale des entreprises de sondages et questionne la « qualité » de leurs données au regard de ce qu’il est « offert » à ceux qui les recueillent.
Rémy Caveng est Maître de conférences en sociologie à l’Université de Picardie Jules Verne, chercheur au Centre universitaire de recherche sur l’action publique et le politique (CURAPP), chercheur associé au Laboratoire de sociologie quantitative (LSQ-CREST, Insee) et au Centre de sociologie européenne (CSE-CESSP, Université Paris 1-EHESS).
       

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